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| Une page d'histoire qui a 100 ans | |
| | Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Une page d'histoire qui a 100 ans Jeu 26 Oct 2017 - 9:08 | |
| Maria Riabtseva avait à peine trois mois lorsque la révolution d'Octobre 1917 a bouleversé la Russie, faisant d'elle un témoin ordinaire d'un siècle d'événements exceptionnels, de la naissance et la mort de l'Union soviétique jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine.
Née le 14 juin 1917 au nord de Moscou, Maria Riabtseva était trop jeune pour se souvenir de la Révolution, prévient-elle avec un sourire. "Mes premiers souvenirs remontent aux années 1920", ajoute-t-elle.
En un siècle de vie, elle a survécu à deux guerres, celle entre l'Armée blanche, fidèle au Tsar Nicolas II, et l'armée bolchevique, et la Seconde guerre mondiale, qui lui a ravi deux de ses enfants.
Elle a aussi assisté à la collectivisation forcées des campagnes, dans les années 1920, aux purges staliniennes des années 1930, ainsi qu'à la perestroïka ayant mené à la chute de l'URSS en 1991.
Mais ce dont se souvient surtout la vieille dame, c'est d'avoir "travaillé toute (sa) vie". "J'ai travaillé depuis mon plus jeune âge", raconte à l'AFP celle qui fut tour à tour paysanne, infirmière et ouvrière.
"Notre famille était composée de cinq enfants, nous étions des paysans normaux", se souvient-elle. "On nous a saisis nos deux chevaux et une vache pour le kolkhoze (ferme collective). Que pouvions-nous faire? On a rejoint le kolkhoze", dit-elle.
Pendant la Seconde guerre mondiale, où ont été tués plus de 20 millions de Soviétiques, Maria Riabtseva devient infirmière à l'hôpital de Rostov-Iaroslavki, à 200 km au nord de Moscou.
"C'était dur, il n'y avait pas grand-chose à manger... Il fallait travailler, il y avait tant de soldats blessés, les lits étaient pleins", soupire-t-elle.
"Mais comme nous étions heureux le jour de la Victoire, comme tout le monde chantait et dansait!", s'exclame-t-elle ensuite, les yeux s'illuminant de joie à ce souvenir.
- 'Il faut vivre' -
De la mort de Staline, survenue en mars 1953, Maria Riabtseva ne conserve que peu de souvenirs. "Ce n'était pas une catastrophe", dit-elle en haussant les épaules. "Mais tout le monde était triste."
Ce qui a marqué la mémoire de cette vieille dame à l'humour intact, c'est surtout son emménagement en 1961 dans un appartement de deux-pièces situé à l'est de Léningrad (aujourd'hui Saint-Pétersbourg, ancienne capitale impériale de la Russie).
"Ca c'était le vrai bonheur: de l'eau chaude, le chauffage central... De quoi d'autre peut-on encore rêver ?", lance-t-elle.
Ce logement lui paraissait un véritable paradis après avoir vécu une dizaine d'années dans une baraque rustique et glaciale l'hiver avec sa famille pendant la dure période qui a suivi la Seconde guerre mondiale.
Les temps difficiles de la Perestroïka, précédant la chute de l'URSS, "n'ont pas vraiment changé (sa) vie, sauf que c'était plus dur qu'avant", tandis que l'arrivée de Vladimir Poutine, au pouvoir depuis fin 1999, a considérablement amélioré son quotidien, raconte cette dame, veuve depuis plus de quarante ans.
Maria Riabtseva partage désormais son appartement avec la famille d'un de ses petits-fils. Elle qui affirme ne pas s'intéresser à la politique, assure ne pas avoir l'intention de fêter le centenaire de la révolution d'Octobre qui aura lieu le 7 novembre.
"Je pense que j'aurais vécu la même vie, avec ou sans révolution. De toute façon, on ne peut rien changer", philosophe-t-elle.
"Est-ce que j'ai été heureuse? Je ne sais pas. Je vivais. Si tu es né, il faut vivre, n'est-ce pas? Surtout que la vie passe très vite", sourit-elle.
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| | | P'titJo Habitué
Nombre de messages : 525 Age : 69 Localisation : Brabant Wallon Date d'inscription : 25/07/2013
| Sujet: Re: Une page d'histoire qui a 100 ans Jeu 26 Oct 2017 - 9:43 | |
| Mon plus grand respect pour cette dame ! Merci pour le post. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Une page d'histoire qui a 100 ans Jeu 26 Oct 2017 - 11:11 | |
| Quand je vois à mon Mosin Nagant je ne peux pas m'empêcher d'avoir pensée pour elle. 100 ans d'histoire et quelle histoire !!! Bonne pas bonne ça a dû dépendre des jours mais si on pouvait parler avec elle on serait pendu à ses lèvres. Mieux qu'une grand mère et ses petits enfants. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Une page d'histoire qui a 100 ans Sam 28 Oct 2017 - 11:38 | |
| Une petite "suite" si on veut mais amusante sur l'histoire de cette Russie parfois méconnue :
La révolution de 1917 a été aussi un bouleversement des moeurs dans les premières années de la Russie soviétique, avec émancipation des femmes et propagande pour l'amour libre, avant un retour rapide à l'ordre moral.
"Les révolutions sexuelles accompagnent souvent les grands cataclysmes historiques", explique l'historien Vladislav Axionov, de l'Institut d'Histoire russe.
Après la révolution, les femmes russes commencent à lutter pour leurs droits politiques et aussi pour pouvoir choisir librement leur partenaire sexuel ou pour la légalisation de l'avortement.
Avec le soutien appuyé des bolchéviques qui clament alors "A bas la pudeur!" et défendent le principe selon lequel "faire l'amour doit être aussi simple que boire un verre d'eau".
Dans le pays, des associations défendant l'amour libre apparaissent tandis que des nudistes défilent librement dans les rues de Moscou.
Certaines régions tentent même d'adopter des décrets annulant "la privatisation" des femmes par leurs maris, pour les proclamer "propriété de l'État", "accessible" à chaque prolétaire.
Signe de l'évolution des moeurs, en décembre 1917, les bolcheviques adoptent un décret officialisant le mariage civil. Le mariage religieux, lui, n'est plus obligatoire. Rapidement, la famille traditionnelle est considérée comme un vestige du passé.
Le ménage et les enfants sont alors vus comme des obstacles à l'édification de "l'avenir radieux" promis par le communisme. Pour libérer les femmes, des garderies, des cantines et des blanchisseries s'ouvrent dans tout le pays.
En 1917, la Russie "a devancé l'Europe et les États-Unis, en accordant aux femmes le droit de vote", relève Vladislav Axionov. Pour voter, les Américaines devront attendre 1920 et les Françaises 1944.
- Pionnières -
Si autant d'avancées sont possibles, c'est aussi parce que les femmes ont joué un rôle actif dans la révolution russe.
C'est le cas de l'épouse de Lénine, Nadejda Kroupskaïa, ou d'Alexandra Kollontaï. Ministre des Affaires sociales du premier gouvernement bolchévique, cette opposante au mariage deviendra ensuite une des premières femmes au monde ambassadeur.
On trouve aussi parmi ces égéries la Française Inès Armand, dont la biographie reflète les changements dans la société russe.
Arrivée en Russie à six ans, issue d'une famille artistique parisienne, Inès Armand, dès l'adolescence, "se rend compte que le rôle de la femme dans la société russe est peu enviable", confie à l'AFP Renée Armand, sa petite-nièce, journaliste et auteur d'un ouvrage sur sa grande-tante.
Au tournant du siècle, Inès Armand quitte son mari, ses quatre enfants et sa vie bourgeoise à Pouchkino, une ville au nord de Moscou, pour se mettre en couple avec son beau-frère Vladimir, de neuf ans son cadet. Elle aura avec lui un cinquième enfant et s'engage pour la cause bolchévique.
"C'était une femme très active. Le sang français et l'écho de la révolution française en étaient sans doute la cause", veut croire Vsevolod Egorov-Fedossov, qui dirige l'Association des descendants de familles françaises à Moscou.
Après la mort de Vladimir en 1909, Inès Armand fait la connaissance de Lénine, qu'elle admire. Très vite, elle devient son bras droit, le révolutionnaire en exil envoyant souvent cette femme parlant plusieurs langues participer à des conférences internationales.
Ils fondent ensemble en 1914 le journal "Rabotnitsa" ("La Travailleuse" en russe), consacré à la lutte des femmes. Son idée: les femmes sont des esclaves oppressées par le travail et la vie familiale. Seule la révolution peut les aider à obtenir les mêmes droits que les hommes.
"Des rumeurs couraient sur leur histoire d'amour. Un homme politique socialiste a écrit à l'époque que Lénine n'arrivait pas à détacher ses yeux de sa petite Française. Mais sa femme Nadejda Kroupskaïa n'y attachait aucune importance. Elle savait que Lénine n'avait qu'un seul amour dans sa vie: la révolution", poursuit Renée Armand.
La reprise en main conservatrice arrivera toutefois rapidement. Sous Staline, certains acquis sociaux des femmes sont préservés mais l'État s'emploie à contrôler strictement la vie privée de ses citoyens et la famille traditionnelle est remise à l'honneur.
En 1986, au début de la perestroïka, lors d'une émission télévisée faisant dialoguer des Américains avec des Soviétiques, une femme russe s'exclame: "Il n'y a pas de sexe chez nous, et nous sommes catégoriquement contre!"
Une formule choc qui a fait rire des millions de Soviétiques mais qui illustre à sa manière les dizaines d'années de pudibonderie dans lesquelles a vécu le pays jusqu'à la chute de l'URSS, très loin des débordements des premières années post-révolutionnaires.
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