Le L85, dans ses versions successives L85A1, L85A2 et L85A3, est la version réglementaire du SA80 britannique, dernier projet de RSAFE (Royal Small Arms Factory Enfield, devenu par la suite Royal Ordnance, aujourd'hui British Aerospace).
Le projet "Small Arms for the 1980s" peut être considéré comme un échec. Destiné à remplacer le L1A1, l'arme est née en 5.56 après l'échec du 4.85mm (version IW, Individual Weapon) face à la 5.56 SS109.
L'arme fut mise en service dans sa version A1. Face aux multiples problèmes rencontrés par les utilisateurs, HK (alors propriété de British Aerospace) développa une version A2 remplaçant approximativement 60% des composants originaux de l'arme.
Aujourd'hui, une nouvelle version, le L85A3 est prévu pour entrer lentement en service. Doté d'une nouvelle optique, d'un nouveau garde-main et, enfin, d'un boitier réalisé en tôle d'acier plus épaisse (1.5mm en lieu et place du 1.1mm original) afin de réduire les déformations ayant condamnés tant d'armes en service. Un rail "Picatinny" surmonte le boitier et offre la possibilité d'installer une optique ou tout autre accessoire sur l'arme.
Mais le plus gros défaut résiduel de l'arme n'a pas été adressé: son timing de fonctionnement absolument catastrophique.
A l'origine, les techniciens et ingénieurs de Enfield eurent pour tâche de développer un fusil, en 5.56mm NATO, "le moins cher possible"; après des années d'érrances techniques et de changements de management. Aussi, les techniciens copièrent-ils sans autre forme de réflexion, le mécanisme du AR-18 alors produit par Sterling. Malheureusement, les techniciens omirent quelques unes des particularités de l'AR18, conduisant le L85 a s'ouvrir beaucoup trop tôt, avec une très faible extraction primaire. Cela se traduit par de régulières difficultés d'extraction. Le tout, pour les armes originales, aggravés par des techniciens démotivés et une main-d'oeuvre mal formées: alors que l'industrialisation du L85 devait commencer, il fut annoncé que l'arsenal de Enfield fermerait ses portes une fois la production terminée (conduisant bon nombre d'ingénieurs et de techniciens à démissionner et à quitter Enfield avant même la production commencée).
Les tentatives d'export se soldèrent par un échec, en raison d'un design peu commun, de la concurrence du M16 (proposé à un prix défiant toute concurrence par le gouvernement US) et seuls quelques nations reçurent quelques armes, souvent offertes par le gouvernement britannique.
Une version "FM", le L86, fut mis en service...avant d'être classée comme "arme de TP", lorsque la MiniMi fut introduite (cela permettant de faire "digérer" la facture des mitrailleuses FN par le politique)...et de disparaître des TO de l'armée britannique.
L'échec du L85 résume parfaitement bon nombre de programmes d'armes occidentaux: trop d'hésitation, trop de "bon à tout", trop de changement de direction, trop, trop...trop tard.
Le L85A3 coutera la bagatelle de 1190 par arme...mais le MoD préfère mettre en avant les 20 emplois maintenus à Nottingham (atelier propriété de HK) pour la mise à jour de seulement 5000 armes.
Le L85: l'arme qui refuse de mourir. Mal né, mal-aimé, maintenu artificiellement en vie par des membres de la défense britannique et par des politiciens plus soucieux de défendre une idée et des intérêts économiques qu'autre chose.
Le L85A2, muni de son garde-main fabriqué par Daniel Defense; et de l'optique ELCAN, qui remplaca la problématique SUSAT:
Et, enfin, le L85A3...nouveau boitier, nouveau garde-main; mais composants internes "récupérés" sur les L85A2:
La dispersion du A3 est néanmoins moindre que celle de ses prédecesseurs, grâce à un garde-main faisant maintenant partie intégrale du boitier.