Zach Expert
Nombre de messages : 2055 Localisation : Montana (enfin, j'aurais aimé) Date d'inscription : 05/02/2014
| Sujet: Ruger SR1911 Lun 2 Fév 2015 - 23:23 | |
| Je propose de remettre l'excellent post technique de "Toonfish" sur le Ruger SR1911 : - Citation :
La société STURM RUGER & Co. a toujours proposé des armes à feu de qualité depuis des dizaines d’années, elle est une des principales société de fabrication d’armes des USA et ce depuis plusieurs années. Depuis les quelques années qui viennent de s’écouler, RUGER a réussi à augmenter le niveau de qualité de la plupart de ses produits ainsi que sa capacité de production en proposant des armes au design novateur et à la pointe dans de nombreux domaines.
A cause de ce qui se passe depuis peu, la demande pour les armes à feu de cette marque a littéralement explosée à un point tel que la société n’est pas en mesure de suivre la demande du marché !
Le récent pistolet semi-automatique SR 1911 (SR pour STURM RUGER) arrivé sur le marché en 2011 n’échappe pas à cette règle, je ne vous raconte pas comment j’ai été emballé dès l’annonce par cette société qu’elle allait produire enfin SA version du célèbre pistolet centenaire au calibre .45 AUTO / ACP, je veux parler de l’indémodable et très classique 1911.
A sa sortie sur le marché aux USA dès 2011, j’avais fait une demande chez notre importateur Belge RM VINCK pour essayer d’en obtenir un exemplaire. A peine un ou deux modèles arrivaient qu’ils étaient vendus à des clients de l’armurerie sans pouvoir être déposés dans le réseau de distribution, à l’époque pour moi, mission impossible pour obtenir un exemplaire. Je n’avais pas encore d’arme de chez RUGER et visiblement ça n’allait pas changer tout de suite. Encore deux ans plus tard, ces pistolets, à peine arrivés sur le sol Belge, sont vendus à des clients privilégiés et plutôt rares. Au début du mois d’août 2014, au beau milieu d’une conversation et par le plus grand des hasards (comme c’est souvent le cas d’ailleurs), un SR 1911 ayant été réservé à l’IWA 2014 est disponible et est de stock chez un armurier de ma région, je n’en crois pas mes oreilles, je demande à le voir et à peine la boîte ouverte sous mon nez ce fut le coup de cœur immédiat, sans réflexion aucune, à peine l’arme en main qu’elle est déjà payée, les informations sont prises ce jour là afin d’introduire ma demande d’autorisation modèle n°4.
Voici, 4 mois plus tard, la petite présentation promise de ce pistolet relativement peu courant et finalement très ’’classique’’ au niveau de son look, la conception l’est un peu moins ainsi que quelques détails qui selon moi le place au dessus de ses concurrents directs.
Le RUGER SR 1911, respectueux du design original de John Moses BROWNING, qui a su traverser le temps et faire ses preuves dans les différentes guerres et conflits – le style de ce pistolet 1911 n’a jamais été aussi populaire que maintenant, quel tireur sportif ou collectionneur ne rêve pas de posséder une exécution de ce pistolet plus que mythique. Lorsque RUGER a conçu et mis au point ce pistolet semi-automatique, les ingénieurs se sont posés la question de savoir ce qu’ils souhaitaient comme options ou non sur l’arme car il y a beaucoup d’opinions possibles sur ce que devrait être le 1911 ’’parfait’’ - chaque personne ayant sa propre vision de la chose, c’était très compliqué comme tâche et on peut facilement imaginer les débats animés autour de ces grandes tables de réunions, là-bas dans le fin fond de l’Arizona.
Je suis comme beaucoup d’entre vous assez fan de ce design type 1911 – RUGER a eu une démarche totalement différente et un peu spéciale en questionnant les ténors du marché afin de savoir comment et avec quelles options ils allaient construire leur version de ce pistolet !
Au sujet de la présentation du RUGER SR 1911
L’arme est livrée dans une très luxueuse boîte blanche en carton pizza, sans sauce mais avec une pochette de transport, on imagine que ces deux articles doivent peser à peu près 2€ sur la facture totale d’achat. A l’intérieur on trouve malgré tout ce qu’il faut, la dite pochette noire en nylon Made In China, deux chargeurs en acier inoxydable, un d’une capacité de 7 cartouches qui arrive affleurant à la base de la crosse du pistolet, l’autre, de capacité portée à 8 grâce à l’adoption d’une extension en plastique pour la cartouche supplémentaire. Le look d’ensemble donné au pistolet est ainsi différent suivant l’utilisation du chargeur. On trouve aussi l’obligatoire clé en plastique pour le démontage du barrel bushing. La série de papiers de garantie, le manuel et ses 43 pages de recommandations, un autocollant et quelques sachets plastiques, je vous passe les détails inutiles.
La première chose que l’on remarque sur ce pistolet est la finition en acier inoxydable mat (rendu par microbillage) ceci afin d’éviter toute réflexion parasite de lumière – ce n’est donc pas une finition acier inoxydable brillante plus répandue. La fenêtre d’éjection agrandie et élargie montre cependant un canon plus brillant que le reste de l’arme, ça se remarque fort par rapport au fait que la lumière ne se reflète sur aucune autre pièce. Cette finition est très caractéristique des 1911 standard mais bien entendu avec cependant des améliorations intéressantes – une de ces améliorations c’est l’utilisation d’origine d’une visée NOVAK, hausse réglable en dérive avec guidon classique, 3 points blancs, on remarque le contraste intéressant avec le noir et la finition acier inox mat.
Le pistolet utilise le classique canon de 5 pouces de long et une chose que RUGER a gardé dans la conception c’est la fameuse bague de canon - Barrel Bushing - sur une grande majorité d’autres pistolets actuels c’est le canon qui passe directement au travers de la culasse en étant légèrement plus long que la conception originale de John BROWNING. Enormément de fabricants utilisent ce type de montage mais RUGER a voulu garder ce barrel bushing afin de limiter les coûts de production car cette méthode demande que la culasse et le canon soient parfaitement usinés et alignés. Garder ce barrel bushing évite des coûts trop élevés tout en gardant une grande précision ainsi qu’un canon bien stable durant le cycle de tir / éjection / réarmement.
Quelques petites choses intéressantes à dire aussi c’est que ce barrel bushing et le canon proviennent de la même barre d’acier, du même lot de fabrication, ils sont usinés et ajustés ensembles et le restent jusqu’à l’assemblage final du pistolet. Encore une garantie pour préserver la précision en assurant un accouplement idéal de ces deux pièces.
Une chose particulière de ce SR 1911 par rapport au reste de la production est que la culasse est usinée sur machine CNC, la plupart des armes chez RUGER proviennent de fonderie - je pense aux bascules des fusils Redlabel par exemple – les pièces sont coulées puis usinées à dimension voulue. Le problème pour RUGER était de savoir comment couler une culasse de 1911 tout en maintenant des coûts de production ’’raisonnables’’, ça paraît très difficile quand on connaît le mécanisme nécessaire au fonctionnement d’un tel pistolet. Il a été choisi d’usiner entièrement la culasse c’était plus simple et en même temps plus économique. J’apprécie l’absence de dentelures - Serrations - sur l’avant de la culasse, je trouve que leur présence alourdi l’image rendue, je préfère ce look quelque peu métro-sexuel même si il paraît que ce n’est déjà plus à la mode.
Sur cette culasse, côté gauche on peut lire en grand et gravé au laser, RUGER – MADE IN USA. De l’autre côté on trouve le logo avec le phénix, la ville de PRESCOTT et l’état ARIZONA, la marque encore (RUGER) et le modèle (SR 1911), pour finir sur le numéro de série lui aussi gravé de manière très lisible et évidente. La culasse est très belle et assez dépouillée, débarrassée des choses inutiles qui pourraient faire passer le pistolet pour une arme ’’custom’’. Comme souvent chez RUGER, ils ont malheureusement gardé cette tendance à vouloir trop écrire sur l’arme elle-même, on dirait qu’on cherche à éviter de rédiger un mode d’emploi. On pourrait peut-être se retrouver à s’embêter lors d’une nuit d’hiver et en plein black out annoncé, il suffira alors de sortir le pistolet et on aura de la lecture pour toute la soirée pour autant de remettre la main sur cette foutue Maglite dont les piles sont sans doute mortes depuis longtemps !
Super ! C’est écrit dessus MADE IN USA d’accord mais dans ce cas c’est vrai, 100% de l’arme et de ses pièces constitutives viennent de sociétés basées sur le territoire, certaines d’entre elles sont bien entendu sous-traitées mais ces sociétés sont tout de même bien implantées aux USA.
Le pistolet possède une fenêtre d’éjection agrandie par rapport à la conception de base, cette ouverture plus grande permet de réduire fortement le risque d’un étui bloqué en travers de la culasse – Stove Pipe – ce qui se produisait tout de même parfois avec les modèles plus anciens, c’était une chose assez courante avec des munitions rechargées trop faiblement et avec une fenêtre d’éjection ’’normale’’. Tant que je suis sur la fenêtre d’éjection, une chose intéressante à mentionner c’est la présence d’une encoche à l’arrière du canon avec un dégagement vers le haut – Visual Inspection Port. En regardant le pistolet par le dessus de la culasse, si une balle est présente dans la chambre, on pourra facilement voir l’étui au travers de cette encoche et là on sait de suite si le pistolet est chargé ou non, c’est un plus au niveau de la sécurité.
En passant sur la gauche du SR 1911, on constate la présence d’un levier de sûreté étendu - Extended Slide Safety – plus long que la pièce originale, en position haute, cette sûreté vient bloquer tout mouvement axial de la culasse, pour autant que le chien soit en position armée. Impossible d’actionner ce levier au cran demi armé. Cette sûreté de culasse ne ressort pas aussi fort du pistolet contrairement à ce que l’on trouve parfois à la concurrence. Certaines personnes, dont moi, vont trouver aussi un intérêt à venir poser le pouce de la main forte légèrement sur cette sûreté en préparation au tir – ou on viendra poser le pouce juste au dessous de celle-ci et le long de la carcasse afin d’avoir un maximum l’arme verrouillée en direction de la cible, le doigt minimise ainsi le mouvement latéral de l’arme, c’est un plus évident pour l’aspect précision.
Tant que je suis dans le chapitre des sûretés, on trouve bien entendu la très courante sûreté de poignée – Grip Safety – sur cette version du pistolet 1911 elle est en forme de queue de castor étendue – Extended Beaver Tail – avec 3 petites encoches transversales dites à mémoire. Indirectement, sentir ces 3 petites encoches entre le pouce et l’index va nous aider à bien positionner la main sur la sûreté et va assurer un contact franc. Si par une mauvaise prise en main cette sûreté n’est pas enfoncée et désengagée à fond, l’arme ne pourra pas faire feu et la queue de détente restera bloquée, c’est là tout le rôle de ce verrouillage.
Le RUGER SR 1911 est basé sur une conception COLT ’70 Series, au départ ces pistolets ne possèdent pas de blocage de percuteur – lorsque COLT a réalisé les séries ’80, ce mécanisme de blocage supplémentaire rendait la détente moins agréable, moins précise et surtout plus dure que les pistolets 1911 de l’ancienne génération. Toute évolution n’est pas toujours souhaitable. Il ne faut donc pas s’étonner que la plupart des tireurs recherchent des modèles 1911 séries ’70 plutôt que les plus récents modèles principalement à cause du mécanisme contre lequel il faut forcer lors de la phase de détente. Vous allez alors penser que l’on perds une sûreté très importante sur ce SR 1911 si le pistolet est armé et que le chien venait à se libérer pour une raison quelconque, par exemple l’arme qui glisse des mains du tireur et qui tombe sur la tablette de tir ou bien pire, qui tombe au sol. Là, RUGER a posé un geste très intelligent en gardant une sûreté de percuteur – Firing Pin Safety – mais en la libérant à l’aide du grip safety sur l’arrière de la carcasse, on a effectivement beaucoup plus de force à ce niveau et on laisse à l’index le soin de s’occuper uniquement de la détente et ce avec un effort plus réduit.
Toujours sur la gauche de l’arme, on trouve le bouton d’éjection du chargeur, quadrillé et légèrement plus long pour un contact direct sans que le pouce ne doive le chercher, dans mon cas ce n’est pas crucial mais en utilisation de crise (Police ?) ou en compétition IPSC, c’est encore une pièce qu’il sera inutile de devoir changer. La queue de détente est ajourée – Skeletonized Trigger – et elle est fabriquée en aluminium, à l’intérieur de celle-ci en partie basse on trouve une vis de réglage de la course – Over Travel Stop - et c’est très intéressant une fois de plus, on ne trouve pas cette option d’origine sur des modèles parfois plus onéreux.
La détente est très agréable, ça surprends mais dans le bon sens pour une fois, elle est légère, sans accrochage durant la course, on sait précisément quand le coup va partir, c’est assez exceptionnel que pour être signalé, certains autres pistolets devant passer sur le billard pour offrir ce que RUGER offre d’origine.
Un mot sur le percuteur – il est fabriqué en titane et est donc très léger mais aussi par nature très résistant aux chocs. Au sujet du chien, sa forme particulière avec les petites encoches latérales et sa partie centrale ajourée font qu’il est également allégé ce qui offre une percussion plus rapide car il y a moins de masse en mouvement, son armement se fait de manière très naturelle et là aussi sans effort particulier. Une fois le chien armé en regardant de près il vient s’insérer parfaitement dans un évidement rectangulaire réalisé sur la partie haute et à l’intérieur du grip safety.
Le genre de détail qui me fait penser que RUGER n’a pas étudié son produit en 5 minutes, vous allez alors me dire qu’ils ont eu tout juste 100 ans pour le concevoir et vous aurez tout à fait raison, mais ne critiquons pas, ce pistolet est un bon produit, bien né et tout à fait concurrentiel au niveau du prix.
Le logement du ressort principal – Main Spring Housing – est lui aussi réalisé en aluminium avec un quadrillage assez serré dont je ne connais pas la valeur au pouce (Lines Per Inch ou LPI). Par opposition l’avant de la poignée est totalement lisse, elle est souvent quadrillée différemment par rapport au main spring housing sur certains modèles d’autres marques – je dois avouer que j’apprécie le look de cette manière et d’avoir fait ce choix.
Les poignées latérales sont en bois de rose – Rosewood Diamond Grips – avec la présence de diamants autour des vis de fixation. Au centre on trouve le logo RUGER, un phénix très joliment incrusté et brillant. Ce qui fait de ce pistolet une très belle arme c’est la finition acier inoxydable sablé, les accessoires constitutifs sont réalisés en noir et les boiseries de belle teinte donnent une image générale plus que sympathique, dès les premières photos ce fut le coup de cœur et donc je ne compte rien modifier sur l’arme, pas de modification non plus vers une hausse réglable ou quelque chose qui le ferait passer pour un custom.
Le pistolet est renseigné comme étant résistant au tir à sec – Dry Fire. Je ne le fais jamais sur aucune arme, pas même sur le GLOCK 17 GEN 4. Ce n’est pas pour ce que peuvent coûter quelques cartouches dummy / snap caps chez A ZOOM ou un autre fabricant. C’est tout de même plus sympa pour l’arme de ne pas se cogner la tête au mur sans arrêt. Une fois le pistolet démonté et la culasse retirée, par contre le tir à sec - et là je suis formel en ayant regardé le mécanisme – est totalement interdit, le chien va venir frapper une arrête vive et non plus le percuteur, soit le chien va se casser soit il va venir provoquer une bavure sur l’arête qui empêchera tout remontage de la culasse, attention à ne jamais tirer dans cet état particulier, toujours accompagner le chien du pouce vers sa position décockée.
Est prévu aussi un démontage du pistolet avec les détails de certaines pièces – à l’intérieur aussi on trouve quelques petits détails qui valent la peine, en premier lieu la finition et les tolérances du barrel bushing et du canon usinés au départ du même barreau d’acier. Toutes les pièces de cette arme sont d’excellente qualité ainsi que leur usinage et la finition générale. A mon avis RUGER doit être plutôt fier de son premier bébé 1911.
En espérant que cette petite introduction vous donnera aussi l’envie, avec ce pistolet on choisi un peu la différence tout en restant dans le traditionnel – c’est assez rare sur le marché que pour être signalé, je pense que c’est aussi pour cette raison que j’ai craqué de suite dès l’annonce de présentation par la firme RUGER, ça remonte déjà à 3 ans.
L’attente est aujourd’hui récompensée et je compte bien en profiter.
En résumé, un très beau pistolet qui offre plus que certains autres (STI Trojan / Spartan, TAURUS PT 1911, REMINGTON R1 et R1S, …), le prix est très compétitif, on a de suite hors de la boîte une arme préparée avec une détente excellente, les jeux entre la culasse et la carcasse sont inexistants, la précision est étonnante avec la visée NOVAK 3 points basique, livré de base avec deux chargeurs inox différents et de très bonne facture.
Au rayon négatif, une belle valise de transport n’aurait pas été superflue. Quelques gravures laser en moins auraient encore amélioré le look général de ce très beau pistolet.
Pour le bon de commande, ce n’est pas chez moi mais chez votre armurier préféré qu’il faudra vous rendre.
Joyeuses fêtes de fin d'année à tous / toutes !
Eric. | |
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