Gae Bolga
Il est tout à fait possible de monter un AR-15 en une soirée, de A à Z, en prenant un paquet de pièces et en s'assurant qu'elles seront +/- compatibles entre elles. Le résultat sera même probablement pas mal à bon grâce au miracle de la production moderne et des usinages à faible tolérance.
Ensuite, il est possible de construire un AR-15 en l'assemblant avec le plus grand soin possible. En sélectionnant soigneusement les composants un par un, en les inspectant avant assemblage et en vérifiant l'interaction des diverses pièces au fur et à mesure de l'avancement du projet.
Aussi, je vous propose de suivre la construction de cette nouvelle carabine dont le propriétaire souhaitait juste avoir quelque chose de précis et de chouette.
Je me suis porté sur des boitiers Aeroprecision, compagnie dont j'ai l'habitude des produits. Cette société fabrique des boitiers en aluminium 7075T6 forgés. C'est-à-dire que la matière est contrainte dans la forme que l'on souhaite lui donner finalement, ce qui lui donne une plus grande densité et une plus grande densité que les boitiers en aluminium coulé.
Upper & Lower Aeroprecision forgés en 7075T6
Le Lower Aeroprecision est équipé d'une vis permettant de mettre en tension les deux boitiers de l'arme, afin de garantir la répétabilité mécanique de l'assemblage et, ainsi, d'augmenter la précision de l'arme qui va maintenir son point d'impact, malgré les tirs. Cette vis est cachée sous la poignée-pistolet.
La vis de mise en tension. Une fois cette vis réglée sur un Upper défini, il est très rare de pouvoir installer un autre upper sans devoir toucher au réglage de cette vis.
Dans la phase d'assemblage du lower, il y a deux opportunités de casser purement et simplement le boitier: l'installation du pontet avec sa roll pin et l'installation de l'arrêtoir de culasse. Les deux oreilles sont relativement fragiles et une force ou un choc excessif peut fracturer, voir casser une de ces oreilles. Il faut réfléchir à ce que l'on fait, protéger l'anodisation, agir doucement et s'assurer de pousser la goupille dans l'axe.
Le pontet et sa goupille. Doucement, doucement, d-o-u-c-e-m-e-n-t
mais ça peut s'installer sans se casser ! L'arrêtoir de chargeur est tellement simple à installer que cela...se passe de commentaires !
L'arrêtoir de culasse est un autre point noir où il est possible de casser le lower, ou bien de le griffer fort et de manière très visible...ce qui n'est pas terrible du tout. Aussi, il faut s'assurer que les perçages et orifices sont propres et dégagés, tout en étant appliqué.
L'arrêtoir de culasse, son poussoir, son ressort et sa goupille
Le Lower, avec ses deux oreilles de retenue de la goupille de l'arrêtoir de culasse
La goupille, insérée et le lower protégée
L'arrêtoir de culasse installé
La broche de retenue avant prête à l'installation. Il est impératif de nettoyer le logement du ressort qui contient souvent des traces d'huile.
La broche, son poussoir et son ressort
La broche installée
Il existe deux types de tube de crosse: les bons et les mauvais. Les bons se reconnaissent pas une excroissance à six heures, afin de retenir le plongeur de retenue du Buffer.
Pour un fusil DMR, la détente est importante. Aussi, j'ai porté mon choix sur une Geissele dont l'installation est un peu différente de celle d'une détente semi-auto type AR-15. Cette détente se différencie par sa forme différente des surfaces d'engagement du chien et de la détente ainsi que par la configuration de la gâchette qui donne un départ
Two-stage.
La détente Geissele
On voit très bien les deux branches du ressort du chien qui retiennent la goupille de la détente
La nouvelle détente, installée dans le Lower
Le Lower, entièrement équipé avec la crosse Vltor IMOD
Un transporteur Spike Tactical M16. L'avantage de ce type de transporteur, par rapport à celui d'un AR-15, est son poids supérieur qui ralentit le fonctionnement de l'arme et augmente sa durée de vie
Sur les AR-15/M16/M4 à canon court, il est important que la tension de l'extracteur soit importante. C'est après avoir rencontré des problèmes d'extraction avec les nouvelles carabines M4 que l'USSOCOM a mis au point le kit de modification SOPMOD pour les carabines M4. Parmis ces modifications, on trouve l'ajout d'un O-Ring derrière le ressort de l'extracteur. Afin d'augmenter la fiabilité générale de l'arme, j'installe cet O-ring sur toutes les carabines de type AR:
On voit bien le O-ring installé derrière le ressort de l'extracteur
Le meilleur des verrous pour la meilleur des armes...Les culasses Spike Tactical sont inspectés après leur fabrication pour se prémunir contre les fissures et sont éprouvées
Car on ne peut présumer de rien et ne croire rien, il est impératif de contrôler la feuillure lors de toute nouvelle installation de canon et de culasse. En effet, une chambre trop court pourrait résulter en une arme refusant de se verrouiller (ou percutant sans être verrouillée) et, à l'inverse, une chambre trop longue pourrait conduire à une rupture de l'étui avec les conséquences catastrophiques que l'on peut deviner !
Les jauges Go/NoGo. Il n'y a que 0.003" entre les deux (0.0762mm)
Pour mesurer cela, avant même l'installation du canon, il est nécessaire de démonter complètement la culasse (extracteur et éjecteur) et de soigneusement nettoyer le canon. On glisse la jauge "GO" dans la chambre et l'on essaye de fermer le verrou dessus...
Le verrou, mis à la main sur la jauge GO
Et la jauge NOGO empêchait la fermeture du verrou: la combinaison de canon et du verrou est parfaite !
Et voilà ma pierre d'achoppement: l'ajustement du canon au upper. Sur les armes produites en masse, il existe toujours des tolérances de fabrication, plus ou moins large selon les fabricants.
Sur un AR-15, une méthode aisée mais lente d'augmenter la précision de l'arme de manière importante est de rectifier le upper au niveau de l'assise du canon. Cette assise se situe au bout du filet sur lequel vient se visser la noix du canon.
En "B", on peut voir la surface sur laquelle viendra prendre appui le canon. Il est possible, mais onéreux, de rectifier cette surface de façon à asseoir le canon au mieux sur la carcasse.
Le upper neuf et la surface satinée de l'anodisation neuve de la surface d'appui
Le upper, dans une mordache, prêt à recevoir le mandrin de rectification
Le début de la rectification. On peut voir dans la zone comprise entre 1hr et 6hr que l'anodisation est polie et, plus particulièrement à 5hr. Petit à petit, le upper se corrige: nous sommes à presque 50% d'engagement rectifié
Le même upper, deux heures plus tard: 80% de surface d'engagement corrigé. Cela devient presque une machine de compétition
Après un tel ajustement, le garde-main ne pouvait qu'être flottant:
Un très beau Midwest Industries de 15" de long, afin de masquer le bloc d'emprunt de gaz
Le canon neuf Criterion de 18" à âme chromée à côté de son upper dûment rectifié
Et l'installation du canon, avec la graisse appropriée
Afin d'installer correctement le gas block, il est utile de connaître la taille de l'évent des gaz et d'utiliser un petit jig qui permettra un alignement parfait du gas block sur le canon
Un gas block Midwest Industries en installation
Parfois, des fabricants (que je ne nommerai pas) installent des canons à extension M4 sur des upper type rifle. Une grosse différence d'angle: +/-30° ! Ce qui peut conduire à de frustrants enrayages et démontrent une méconnaissance du système. Sur cette arme, les rampes sont choisies afin de correspondre l'une à l'autre.
Des rampes d'alimentation parfaitement compatibles
Comment s'assurer que le transporteur est parfaitement parallèle à l'axe du upper et à l'orifice de passage du tube d'emprunt de gaz ? Avec ma petite barre, tournée afin de correspondre au diamètre d'un tube de gaz :-)
Comme on peut voir sur les deux photos précédentes, les pièces sont parfaitement alignées.
Le canon de cette arme est doté d'une chambre en .223Wylde. Hybride entre la .223 Remington et la 5.56NATO, cette chambre permet une meilleure précision avec les munitions de .223Remington que ne le permettrait une chambre en 5.56NATO tout en conservant la faculté de chambrer des munitions "un peu limite" (que permet la chambre OTAN):
Le canon Criterion chromé, de 18" de long
Finalement, un cache-flamme Smith Enterprise G6A3 est choisi pour permettre une élimination maximum du flash tout en perturbant le moins possible le projectile. Ce cache-flamme breveté permet l'élimination du flash tout en limitant fortement le dégagement de poussière en créant un Swirl avec les gaz sortant du canon derrière le projectile.
Smith Enterprise G6A3
Vortex Soul
Et un solide levier d'armement...
Un BCM Gunfighter, un levier d'armement hyper-rigide pouvant être manipulé à une seule main
Gae Bolga