Le buffer hydraulique, un truc de geek inutile.

Les buffers hydrauliques pour M-16 et dérivés

Les amortisseurs (ou « buffers ») hydrauliques pour M-16 se trouvent encore aujourd’hui, notamment le RB-5000 de la firme Kyntec.

Le premier brevet que j’ai trouvé, pour cette famille d’armes, date du 31 Août 1976, au nom de messieurs Silsby & Tatro, représentant la société Colt. Initialement, ce buffer était destiné à la version fusil-mitrailleur du M-16, le Colt Heavy Assault Rifle, devenu par la suite le Light Support Weapon (ou LSW, actuellement encore fabriqué par Colt Canada, anciennement Diemaco). Cette arme pouvait être, selon le souhait du client, être configurée pour tirer à culasse ouverte (similaire à la Minimi, dans le même calibre), ou à culasse fermée, comme le M-16 traditionnel.



Les inventeurs décrivent, dans ce brevet, leur invention comme suit :
Un dispositif amortisseur muni d’un système hydraulique permettant de réduire la cadence de tir et d’amoindrir les larges fluctuations de cadence de tir dûes aux munitions. L’amortisseur comprend un piston chassant un fluide hydraulique à travers un orifice, lorsque ce piston est soumis à une pression par les pièces mobiles. Lorsque les pièces mobiles commencent leur mouvement vers l’arrière, l’action freinante du liquide hydraulique est immédiate.

Un joint coulissant pousse le liquide hydraulique vers son compartiment original, grâce à l’action d’un ressort ; une fois les pièces mobiles à nouveau en batterie. Cet arrangement permet également de diminuer le rebond des pièces mobiles (« Carrier bounce », une maladie des XM-177 et, par la suite, des CAR-15 et des premières carabines M4), tout en diminuant le choc du recul.


Mais qu’en est-il réellement ? Le brevet est-il aussi efficace que le décrive ses inventeurs ? Ceux-ci avancent une réduction de la cadence de tir de 920 coups par minute à 680 coups par minute.
Malheureusement, les quelques rares amortisseurs hydrauliques originaux Colt sont aujourd’hui des pièces de collection devenues trop précieuses que pour être testées, en plus d’un vieillissement des joints, entraînant régulièrement des fuites du liquide hydraulique.

La société américaine Kyntec propose quelques dispositifs amortisseurs spécialisés pour les versions à crosse téléscopique type M4. C’est un de ces amortisseurs, le RB-5000, qui m’a servi à ce test. L’arme est constituée d’un ensemble Colt LE6921, à canon de 14.5 pouces, et d’un tube de crosse standard. Le ressort, d’origine Colt, est complété par un amortisseur de type « H », standard pour une arme de cette configuration, et d’une masse de 107.56g.


La cadence de tir est mesurée par l’utilisation d’une caméra haute vitesse filmant l’arme à 6000 images par seconde ; permettant de calculer la durée d’un cycle de tir. Un accéléromètre est installé au sommet de l’arme, directement au-dessus de la chambre, afin de mesurer l’amplitude des accélérations entraînées par le choc pyrotechnique.

Il existe une réelle différence dans la vitesse de fonctionnement de l’arme, même si elle est imperceptible pour le tireur.
L’arme originale possède une cadence de tir d’approximativement 870 coups par minute. Une fois le RB-5000 installée, la cadence de tir tombe à 750 coups par minute. La vitesse des pièces mobiles, elle, passe d’une moyenne, en recul, de 4.981m/s à 4.903m/s. En contre-recul, la vitesse moyenne passe de 2.436m/s à 2.301m/s.

Les accélérations, elles sont, plus surprenantes et montrent la profonde influence du RB-5000 sur l’arme. L’arme, dans sa configuration originale, donne un pic de recul à 650g, et 455g en contre-recul mais, une fois équipée du RB-5000, le pic, en recul, passe à 860g et à 775g en contre-recul ; malgré le recul plus « modéré » que peut rapporter un tireur. Cette augmentation des efforts pourrait avoir de fâcheuses conséquences sur un accessoire, monté directement sur l’arme. Ce changement provient probablement de la différence de construction, et de phénomènes harmoniques encore incomplètement compris par votre auteur.


La durée de vie de l’amortisseur hydraulique Kyntec n’a pas été testé, mais la construction respire la qualité. Néanmoins, une défaillance de l’étanchéité est toujours possible, tout comme une défaillance mécanique : l’amortisseur Kyntec comporte beaucoup plus de pièces qu’un amortisseur standard.

Le « cool factor » est très puissant et trouvera sans aucun doute un appel auprès des Geeks (raison pour laquelle je m’y suis intéressé) ; mais il est difficilement justifiable, d’un point de vue technique, de céder à l’appel de ce système.

hé un revenant toujours top les exposés

Sur une configuration DMR on pourrait conclure à un avantage? Et pourquoi n'ont ils pas tenté un comparatif avec différents calibres? Frustrant de ne pas savoir si c'est plus un gadget ou une réelle innovation.

Sinon ouais c'est pas le genre de pièce qui aime le stockage longue durée à la verticale.

Bon retour parmi nous ! ... tu nous avais manqué... et chouette ! de nouveau, des articles de Gab sur ATB...

200 euros quand même le truc inutile de Geek...

Sur une arme fonctionnant en rafales libres, on peut avoir un avantage à réduire la cadence de tir (ce qui était la principale idée derrière) mais, autrement, le seul autre emploi serait sur une arme grossièrement sur-gasée, qui aurait tendance à éjecter les douilles dans une autre province.

Mais du reste...c'est un onéreux gadget.