Comme tout le monde le sait, le M1 tire, historiquement, la formidable cartouche .30-06 mais il existe une myriade de chargements, d'ogives, de profils, de poids existants dans ce calibre.
Au cours de la première guerre mondiale, l'US Army se vit surclassée dans le domaine de la portée ballistique des armes légères. En effet, la .30-06 réglementaire, la cartouche M1906 n'avait pas une portée efficace aussi grande que celle employée par les empires centraux. La pression de la guerre faisant, le développement d'une nouvelle munition fut post-posé à l'après-guerre.. Une munition lourde, puissante, dans laquelle la portée était privilégiée fût développée par l'Ordnance et ce, afin de donner un maximum de portée à la mitrailleuse américaine, la Browning M1917. Ainsi naquit l'extraordinaire cartouche M1: d'un poids de 174 grains, son ogives spitzer était un chef d'oeuvre de ballistique et le soin apportée à sa fabrication augmentait grandement sa précision, tout en diminuant fortement l'encrassement & l'emplombage de l'arme qui la tirait.
Le jeune lieutenant Valentin Browning instruit des soldats, en Octobre 1918, à l'usage de la mitrailleuse développée par son père
L'Army utilisant en premier lieu les stocks les plus vieux, les cartouches M1906 disparurent progressivement avec les exercices de tir tandis que le stock de M1 grandissait jusqu'au point charnière de l'année 1936, où ces cartouches furent mises en service à grande échelle.
Les premiers exercices employant les nouvelles M1 firent apparaître un risque inconnu jusqu'alors: de nombreux stands de tir de l'US Army ne pouvaient héberger des exercices employant ces munitions, à la portée bien plus grande. Face à ce risque, l'Ordnance reçut pour mission de développer une nouvelle munition dont la balistique répliquerait celle de l'ancienne M1906. Cette nouvelle cartouche devint la mythique M2, dotée de son ogive de 152 grains.
Le M1 Garand, alors en plein développement, connaissait quelques difficultés avec la cartouche M1: celle-çi exerçant une pression trop importante sur le levier de manoeuvre. Après quelques essais et corrections, le système d'emprunt de gaz du fusil M1 fût très précisément calibré à l'emploi de la nouvelle munition M2. Celle-ci, avec son ogive relativement légère, par rapport à la cartouche M1, correspondait parfaitement au système conçut par John Garand et l'équipe de Springfield Armory.
L'US Army envisagea un certain temps de produire les cartouches M2 à destination des fusiliers et les cartouches M1 aux fins des mitrailleurs mais les rigueurs de la guerre et le plus grand support pouvant être attendu de la part des armes à tir indirect tels que les mortiers, convainquit le War Department que la guerre pouvait être entièrement menée avec les cartouches M2.
Après quelques combats, il fût constaté qu'il était très important de pouvoir perforer les protections de fortune et autres abris de campagne. Aussi, la production et l'emploi de M2 AP (Armor Piercing ou perforante) fût favorisé.
L'extraordinaire cartouche M2 AP
Le système d'emprunt de gaz du M1 Garand est donc parfaitement calibré pour fonctionner en harmonie totale avec la cartouche M2. La cartouche M2 se caractérise par une courbe de montée (et de chute) en pression précise, ainsi qu'un dwell time très précis. Le dwell time est ce très court instant s'écoulant entre le passage de l'ogive au-delà de l'évent pratiqué dans le canon et le moment où l'ogive quitte le canon.
le dwell time
Dès le passage de l'ogive au-delà de l'évent, la séquence d'ouverture de l'arme commence: le levier de manoeuvre fait tourner la culasse et celle-ci extrait la douille. Après extraction, la douille est éjectée de l'arme tandis que la culasse continue son mouvement de recul, sous l'impulsion du levier de manoeuvre et des gaz s'exerçant sur le piston.
Début de l'ouverture et de l'extraction
Culasse en butée de recul
Avec la cartouche M2, le fonctionnement de l'arme est très régulier et très bien enduré par le mécanisme: l'ouverture de la culasse se fait alors que la pression de la chambre est retombée à un niveau proche de 1 bar. Le recul des pièces mobiles, opposé par le ressort récupérateur, se fait de manière uniforme et la force du ressort (en bon état, cela s'entend), suffit à empêcher la culasse de frapper le fond arrière du boitier de culasse.
L'emploi d'une cartouche dont la courbe de pression, le poids de l'ogive ou la vitesse de combustion de la poudre ne correspond pas à l'arme peut gravement endommagé un fusil M1 Garand original: levier de manoeuvre plié ou cassé, boitier de culasse fendu par une frappe de culasse, tenon de culasse maté ou brisé,...
Pour le tireur contemporain, il est absolument indispensable de veiller à la munition qu'il emploie: Federal produit une série de .30-06 & .308 spécifiquement adaptée aux M1/M14 (American Eagle) et, plus accessible chez nous, Prvi Partizan propose une série de .30-06 pour M1 Garand, disposant d'une ogive de 150 grains.
Pour le rechargeur, il est important de rester dans le domaine conçut pour le M1 Garand: une ogive de 147 à 155 grains, ou 168 à 175 grains pour une réplique de chargement National Match (Mon M1 adore les munitions de 168 grains: 7 coups dans le 9 & 10 à 100m et je suis un tireur très moyen). Pour le tir "à la M2", les poudres de choix sont les Varget, les IMR 4320/4064/4895 et 3031, le H4895,...Je ne donnerai pas de tables de rechargement précises dans ce sujet mais, pour le curieux, il est toujours possible de me contacter par PM.
Une autre solution, pour celui ne souhaitant par recharger ou acheter une munition spécifique, est l'emploi d'un bouchon de cylindre à gaz à évent réglable. Cette très ingénieuse petite invention permet de régler finement la quantité de gaz présente dans le cylindre à gaz de l'arme et ainsi, de ne pas exposer le mécanisme à un effort supérieur au strict nécessaire pour le fonctionnement fiable de l'arme.
Ce petit mécanisme existe en deux versions: avec vis réglable ou avec des vis différentes permettant d'ajuster le système.
That's all folks ! Brownells vend ce petit accessoire, pour les interessés.