Les BAR commerciaux de Colt
En 1919, après que les armes se soient tues en Europe, Colt repris ses activités commerciales. Etant largement équipée pour produire quelques armes (le M1911, la mitrailleuse M1917 et le fusil-mitrailleur M1918), l’entreprise décida de proposer une version commerciale du FM M1918 BAR qui fût commercialement introduit sous le nom de « Colt Automatic Machine Rifle, Model 1919 ».
Cette première version commerciale était, à l’extérieur, un clone parfait de la version militaire de l’arme, à l’exception de l’absence de cache-flamme, étant produite en grande partie des pièces restant de la production de temps de guerre. Dans sa correspondance interne, l’arme était désignée comme le modèle « U » (le M1911 étant désigné « O »). Néanmoins, la différence principale entre le M1918 et le U était l’emplacement du ressort récupérateur : plutôt que d’être installé dans le tube d’emprunt de gaz, comme sur le M1918, le ressort fût déplacé dans la crosse ; tel que John Browning l’avait initialement conçu.
le Model 1919, on peut voir le ressort récupérateur logé dans la crosse ainsi que l'absence de cache-flamme
Le Model 1924
En 1924, les ingénieurs Colt révisèrent l’arme et installèrent une courte poignée-pistolet et un garde-main plus large, mais bien plus court. Les raisons de ces modifications étaient purement cosmétiques et correspondaient largement aux souhaits émis par le principal client de Colt pour le FM : la FN et le marché Européen. Au cours de cette période, la Fabrique Nationale importait régulièrement des centaines de fusil-mitrailleur, les écoulant dans plusieurs pays d’Europe et d’Afrique. Cette nouvelle arme fût désignée comme le Model 1924 et, au contraire du Model 1919, pouvait être commandé dans des calibres aussi divers que les 6mm, 6.5mm, 7mm, .30-40, .303, 7.65mm, 8mm,…
le Model 1924 sur lequel Colt implémenta des différences cosmétiques sensées plaire aux clients potentiels.
Le réel avantage technique du 1924 fût l’apparition d’un volet de fenêtre d’éjection. Dans-ce cas aussi, cet appendice était couvert par le brevet original déposé par John Browning. L’inventeur déposa deux brevets concernant un volet : le premier brevet décrivait un volet nécessitant une nouvelle carcasse mais la deuxième itération de sa création était installable sur toute arme de type BAR et devint un équipement standard des FM commerciaux Colt, à partir du Model 1925.
Extrait de la licence accordée à John Browning, ces illustrations démontrent le principe de fonctionnement du volet de la fenêtre d'éjection, s'ouvrant automatiquement au premier tir et pouvant être retro-fittée aux armes produites auparavant.
La dernière évolution technique, toujours conçue par John Browning, fût breveté en 1924 et couvrait un ingénieux volet de protection du mécanisme dans le puit-chargeur. Avant l’introduction d’un chargeur, le volet était pivoté par l’utilisateur et se logeait dans un évidement du garde-main.
Le volet de protection du puit-chargeur, rangé dans le garde-main dans la vue supérieur et dans sa position de protection en dessous.
Le Model 1925 / R-75
Le Colt Model 1925
Le Colt Model 1925, aussi désigné Model R75, était une synthèse de l’arme : incorporant les progrès tels que le volet de fenêtre d’éjection et de puit-chargeur, ce modèle vit aussi l’introduction d’un canon lourd ventilé et d’un bipied repliable sous l’arme. Ces modifications furent introduites à la demande de clients étrangers significatifs (comprenons, la FN, vendant des FM à des nations dont la tendance était à l’emploi de FM comme de mitrailleuses semi-légères, postées à des positions de tir fixes). Entièrement équipée, mais avec un chargeur vide, l’arme, à la balance, affichait un désagréable 9.2kg.
Le canon lourd, muni de ses ailettes de refroidissement, permettait un tir automatique relativement plus long que celui de l’arme munie d’un canon standard mais ce, au prix d’une perte de mobilité.
Le Colt Model 1925, portant les améliorations techniques apportées par les divers brevets déposés par John Browning.
Le Colt R-80 "Monitor"
Ces années, les « roaring twenties » furent marquées par une recrudescence du crime aux USA et, surtout, à un nouveau type de criminalité : mobile, se déplaçant en automobiles, extrêmement violente pour une Amérique autrement relativement calme & pacifique. Partout à travers l’Union, les forces de police étaient engagées dans des opérations presque para-militaires contre des bandes itinérantes (dont la plus célèbre est probablement celle entourant Bonnie & Clyde).
Les forces de Police, pour lutter contre ces bandes, recoururent à ce la plus vieille solution : augmenter la puissance de feu. La mitraillette Thompson connu son heure de gloire commerciale, se vendant en grand nombre auprès de forces de l’Ordre. Mais, hélas, trois fois hélas, les policiers durent vite déchanter : la cartouche de .45ACP, malgré sa puissance, était largement insuffisante face à la lourde tôle composant les portières d’une voiture telle que la Ford V8 et le pouvoir de pénétration ne suffirait jamais à endommager décisivement un gros bloc moteur de Détroit.
Au tout début de l’année 1931, Colt introduit ce qui devait la version « ultime » de son FM commercial. Destiné, initialement, à répondre aux souhaits des agents de Chicago et de Détroit échouant à arrêter les véhicules des contrebandiers d’alcools à l’aide de leur Thompson ; le R80 fit son apparition.
Une illustration du Monitor décrivant sa configuration originale.
Tirant la déjà vénérable cartouche de .30-06, cette arme était capable de perforer un bloc-moteur et, donc, d’arrêter un véhicule forceur de barrage. Cette arme, toujours légendaire au sein du FBI, fût désignée sous un surnom qui fût employée directement par Colt : le Monitor.
En 1933, le FBI adopta cette très discrète arme comme son premier fusil de combat réglementaire et rendit son existence encore plus secrète ; ne l’exhibant que rarement lors des démonstrations de puissance de feu.
Un élève du FBI s'entraîne au tir à l'aide d'un Colt Monitor. La majorité de ces armes furent, au cours de leur carrière, en dépôt à Quantico et dispatché selon les besoins.
Le Monitor présentait toutes les avancées du Model 1925 (à l’exception du volet de puit-chargeur) mais avec un poids réduit à 7.25kg. Cela principalement par une réduction de la longueur du canon à 18 pouces (le M1918 est équipé d’un canon de 24’’) au profil léger. Cutts fournit Colt avec un compensateur adapté à la puissante .30-06 et ce dernier équipait d’origine les Monitor, rendant l’arme bien plus contrôlable en tir automatique. Le compensateur allongeait le canon de 4 pouces, rendant l’ensemble un soupçon plus court que l’arme originale.
Au cours de tests divers, il apparut que la .30-06 à balle ordinaire, tirée d’un Monitor, était à même, à 20 mètres, de perforer approximativement 1.10m de sapin sec ou 9.5mm d’acier doux. Cela signifiait que les épaisses portes de bois, les murs de briques ou même les berlines hâtivement blindés par les criminels ne leur seraient que de maigres protections face aux puissants fusils Colt.
La production dura de 1931 à 1940 et le FBI se porta acquéreur de 90 fusils tandis que 20 de plus furent vendus à divers corps de police et de compagnies de sécurité.
La légende gravée sur le boîtier d'un authentique Colt Monitor, remarquablement toujours gravé "Model 1925".
En 1931, Colt proposait l’arme à la vente à 300USD…le prix, aujourd’hui, resterai à déterminer.
Le Capitaine des Texas Rangers, Frank Hamer, qui réussit à mettre fin aux agissements mortels de Bonnie & Clyde, se vit offrir par Colt un des 125 Monitor jamais assemblés. Et aujourd’hui, cette arme légendaire est offerte à la vue des visiteurs du musée « Texas Rangers Hall Of Fame & Museum » à Waco, Texas.
Un Monitor, propriété d'un chanceux collectionneur