Je viens de mettre la main sur un Parabellum Suisse modèle 1900 avec le numéro de série très bas c.-à-d. 353. Donc un des tous premiers; la demoiselle a donc l'âge respectable de 114 ans; malgré cela, elle a l'air de tenir encore une belle forme. Néanmoins, cette arme ne tirera plus, sauf quelques coups d'essais; en effet, les poudres modernes font plutôt mauvais ménage avec les genouillères de la première série: elles peuvent casser, et pour trouver des pièces de rechange, c'est quasi mission impossible. Pour tirer, j'utilise donc mon 06/29 bien plus solide, mais moins rare.
D'abord un peu d'histoire (info compilé par F. Pellaton - 1990):
Le 4 mai 1900. le Conseil fédéral décide de l'accepter comme arme de poing de l'armée suisse. Une première commande de 5 000 pièces est exécutée comme suit par la " Deutsche Waffen und Munitionsfabrik à Berlin " : 2 000 pistolets livrés directement à l'Administration fédérale ; 1 500 exemplaires fournis à la Fabrique fédérale d'armes, Berne ; 1 500 exemplaires expédiés en pièces détachées et assemblés à la Fabrique fédérale d'armes (Waffenfabrik). La Suisse fut ainsi le premier pays qui choisit le Parabellum comme arme d'ordonnance.
Les variantes de 1900 à 1929
Marquages : La genouillère porte le monogramme " D.W.M. " entrelacé ; sur le tonnerre " croix fédérale rayonnée ", sous le canon le numéro de série, devant, en haut de la sous-garde, les deux derniers chiffres sont répétés sur différentes parties de l'arme, il en est de même pour le poinçon du contrôleur d'armes et de la petite croix fédérale.
Les boutons de la genouillère sont chanfreinés et le bouton de droite porte un cliquet de blocage qui s'engage dans un cran fraisé dans la carcasse pour assurer le retour en position fermée de la culasse. Ce dispositif s'est révélé superflu et a été abandonné sur les autres modèles.
Le magasin a un bouton guide qui a nécessité un fraisage dans la poignée. Par la suite, le bouton-guide est plat et ne nécessite pas de fraisage. Le ressort récupérateur logé dans la poignée, est un ressort à lame, sur les modèles ultérieures ils ont un ressort à boudin. Bien que le modèle 1900 eut été soumis à des essais sérieux avant son adoption, il subit encore des modifications en cours de production. Les armes civiles, pour tes services de police, le tir, etc., portent l'ancien poinçons du banc d'épreuve allemand " BUG ".
Ces modifications sont : ailette du levier de sûreté étroite jusqu'au numéro 2 000, puis dès n° 2 001, large. La détente est étroite jusqu'au n° 3 900, large de 3 901 à 5 000. puis étroite. Le levier d'arrêt long de 14 mm, quadrillé de 750 à 2 000. haut et long de 10 mm. haut, long de 8 mm, cannelé de 2 001. Le recul du canon jusqu'au moment où la culasse mobile se sépare et de 5 mm, le recul total du canon jusqu'à l'ouverture complète de la culasse est de 10 mm.
Dispositif de sûreté : il faut faire une distinction entre la fonction du levier de sûreté sur le dos de la poignée et celle du levier d'arrêt sous le coursier de gauche. Le levier de sûreté bloque l'appareil de percussion, tandis que le levier d'arrêt ne bloque que le levier de sûreté quand celui-ci est assuré. Le levier de sûreté est maintenu en arrière par le ressort situé près de son pivot. La languette appuie contre la partie postérieure de la gâchette et empêche l'appareil de percussion de fonctionner, comme la partie mobile de reculer. Quand on met le levier d'arrêt sur " S ", sa griffe se place devant le contrefort triangulaire du levier de sûreté, bloque ce dernier et empêche qu'il puisse être désassuré.
Malgré des essais très approfondis, le pistolet subit au cours des ans des modifications de détails.
Modèle 1900 : extracteur forme ressort, encoche de mire triangulaire, cylindre de fermeture plat et plus bas que les bords supérieurs de la boîte de culasse, boutons de genouillères fraisés, la genouillère postérieure porte les trois derniers chiffres du n° de l'arme derrière la pièce jaune molletée, percuteur à cône très accentué, guide de 7 mm, ressort récupérateur à lame, arrêtoir de magasin à tête striée. La carcasse porte le crochet de fermeture de la genouillère sur la droite, porte une bride pour fixer une courroie, levier de sûreté (poignée) ailette de 30 mm de longueur, poinçons D.W.M. et croix fédérale flammée sur le tonnerre du canon, plaques de poignées en noyer strié jusqu'au bord, magasin pièce de fond en bois avec rondelle métallique, le levier d'arrêt se déplace entre deux dépressions.
Modèle 1906 première série : Extracteur rigide, rappelé par un ressort à boudin, lorsqu'une cartouche est dans le canon, l'extracteur reste dans une position plus élevée ce qui permet de lire sur son flan gauche " geladen ", cylindre légèrement bombé et à la même hauteur que les bords de la culasse, boutons de la genouillère plats et striés. Percuteur à cône peu élevé, ressort récupérateur à boudin, carcasse sans crochet de fermeture, magasin fond bois sans rondelle. Sur le tonnerre du canon : Croix fédérale flammée.
1906 deuxième série: Sur le tonnerre du canon : Croix fédérale dans un écusson.
Modèle 1917-24: Armes fabriquées par la Fabrique fédérale d'armes de Berne. Marquages : Waffenbabrik sans la croix fédérale, plaquettes en noyer ou en bakélite.
Modèle 1929 : La poignée est plus droite, les plaquettes de crosse sont en matière plastique, l'ailette de sûreté est plus longue et dont les deux côtés pénètrent dans la poignée, la genouillère antérieure porte un écusson avec la Croix fédérale, l'encoche de mire a la forme d'un U, boutons de genouillères lisses, la numérotation est entière sur la partie supérieure, verrou noir, non molleté, arrêtoir de magasin lisse, la longueur de l'ailette de sûreté est de 46 mm, magasin pièce de fond en matière synthétique, arme fabriquée par la Waffenfabrik, pistolet fabriqué jusqu'en 1947-48, numérotation de 60011 à 77 941.
La W+F a fabriqué des Parabellum M.29 pour la clientèle civile constituant deux petites séries de 25 001 à 26 600 et de 77 942 à 78 258 ; les numéros sont précédés de la lettre P. En 1949, aux " Championnats du monde " à Buenos Aires, au tir à 50 mètres à l'arme de gros calibre (pistolet et revolver), une nette victoire fut remportée par l'équipe suisse de 7 tireurs armés du pistolet M. 1929 de la fabrique fédérale d'armes. L'arme correspondait au modèle d'ordonnance mais avait été pourvue d'un canon allongé pour accroître la précision. Le pistolet pesait 1 010 grammes, la longueur totale était de 318 mm, le canon long de 200 mm numérotation de 1 à 20.
La croix fédérale dans le soleil
Vue de dessus; on voit que l'arsenal a remplacé l'extracteur original
Les premiers modèles ne comportaient pas de marque du contrôleur de l'arsenal (le M ou le V)
Le côté droit
Détail côté droit avec marquage des deux derniers chiffres
Le numéro de serie 353 sur l'avant de la carcasse ainsi que sur le dessous du canon
Détail du monogramme DWM et crochet de fermeture sur le bouton de genouillère droite
Vue interne de la carcasse; polie blanc
magasin avec fond de magasin en bois; fixation avec 1 rivet; petit bouton